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"La Mouette" au CDN de Sartrouvilles - option théâtre

Publication : par Jérémy MARTIN

Dans le cadre de l’option théâtre, les élèves ont assisté au CDN de Sartrouville, à une représentation de "La Mouette" une pièce mise en scène Cyril Teste / Collectif MxM d’après l’œuvre d’Anton Tchekhov.
Maya élève de 1ère revient sur cette sortie dans un article très complet :

De nos jours nous avons tous une famille et nous connaissons des relations
parfois complexes entre les membres d’une même famille Konstantin, lui, a une famille, mais une famille en crise, en difficulté. Konstantin est en crise, il vit une crise existentielle. Il a besoin d’exister, d’exister dans les yeux de sa mère qui ne comprend pas son travail. L’œuvre est au croisement de deux mouvements et cela se ressent bien quand nous voyons la pièce : tout d’abord, nous avons le naturalisme
c’est-à-dire le fait de montrer les choses tels qu’elles sont sans chercher à les
améliorer ou à les empirer. De plus, il y a le symbolisme signifiant qu’ on va nous transmettre par des symboles, des idées précises : la mouette, par exemple. Cyril Teste a cherché à nous faire voir l’envers du décor, comprendre les sentiments parfois cachés. En effet, le jeu de caméra a permis parfois de voir les visages de face par exemple pour des confrontations, de se mettre dans les yeux de certains personnages. En plus, les nombreux écrans faisaient parfois office de décor dans cette pièce où il n’y a pas énormément de décor : on pouvait voir le lac alors que les
personnages étaient à l’intérieur de la maison.

Néanmoins, l’usage de l’écran était trop fort, certes les acteurs jouaient en direct mais souvent ils étaient cachés derrière ces immenses écrans. De plus, les acteurs avaient des micros, ce qui modifie leur voix, or le théâtre c’est la voix qui résonne comme jamais, qui sait nous faire vibrer, ainsi que le corps en mouvement qui ne passe pas par une caméra car on perd souvent l’émotion, l’émotion que peut nous transmettre le corps de l’acteur. En effet, nous avons perdu en émotion face aux écrans, nous avons perdu la complexité des relations : Nina qui aime Konstantin et qui aime aussi son beau-père, peut - être dans l’espoir d’être reconnue dans les yeux de quelqu’un de connu. Konstantin qui aime Nina mais il ne sait plus communiquer avec elle : on retrouve l’impossibilité à se dire, à se définir.
Mais surtout chez Konstantin on retrouve l’amour addictif, il cherche l’amour et la reconnaissance de sa mère ; il a besoin de l’amour pour se sentir exister, se sentir vivre. Cela peut faire réfléchir à nos propres relations avec notre famille. Dans une société où l’image compte énormément, est-ce que là, dans cette mise en scène où l’écran nous permet peut-être aussi d’avoir une nouvelle vision de notre relation. Cyril Teste a choisi de mettre une place importante pour la caméra grâce à elle il a pu mettre en relief certains procédés. Par exemple quand Konstantin présente sa « pièce » à sa mère la caméra a permis déjà d’avoir les mots sur Nina mais aussi de voir le visage de près, car pour un spectateur qui était sur le haut de la salle cela aurait été compliqué de voir les émotions, la caméra a permis de voir les émotions
même si cela a été mal exprimé.

Deux acteurs sont particulièrement bien servis par la caméra : Le grand-père arrive à bien nous faire traverser ses mouvements malgré la caméra et la mère de Konstantin. Cette mère qui passe par toutes les émotions, la colère, la joie et la tristesse : notamment quand on entend le coup de feu.
Le titre est aussi très évocateur. En effet, La mouette : la mouette qui symbolise la liberté, l’éternel temps libre et la vie indépendante qui ne présente pas de préoccupations. On comprend pourquoi Konstantin l’offre à Nina comme preuve d’amour.
Le titre peut aussi nous rappeler des personnes.Par exemple Nina qui pense être la mouette, qui dit que c’est elle la mouette, qu’elle veut de la liberté. Cependant quand on entend le coup de feu final qui va clore cette pièce de théâtre, cela risque de nous mettre le doute : est-ce que Nina est morte ou quelqu’un d’autre ? Après quelques minutes on comprend que Nina va errer longtemps jusqu’à perdre la vie, mais la véritable mouette c’est Konstantin.
Konstantin qui avait besoin de liberté, d’indépendance. Son œuvre qu’il aimait vraiment n’était pas acceptée dans le monde artistique alors que c’était un peu sa raison de vivre son lien avec l’art et la beauté comme Beaudelaire. Konstantin est donc le symbole de beaucoup d’éléments dont il est la dépendance, la mouette et surtout il ressemble à Tchekhov celui qu’il a inventé de toute pièce peut-être comme une métaphore de lui-même.